Bachila

"Un fils de la Mère.

La mère a ses lois que personne ne peut connaître entièrement. L’une des choses que nul n’a jamais su percer est comment elle choisit ces fils. Certains parlent d’élus mais aucun d’eux ne se considèrent ainsi. La forêt qui abrite la pierre est leur refuge et leur maison, le seul endroit où ils se sentent chez eux. Je vais maintenant vous narrer l’histoire d’un rôdeur de Tahyn…

On ne les connaissait pas ou peux, ces rôdeurs, certain parlent de légendaires héros issus de l’ancien temps. D’autre de fantômes vouant une haine des hommes. Il n’est rien de vrais dans tout cela. Ceux qui les connaissaient savaient la vérité. C’était pour la plupart de simples rescapés de leur marche ou de leur clans entiers. Maintenant ce que la Mère avait trouvée en eux ?
Bachila était un Elfe d’une ancienne race. Une race d’Elfes nomades qui montait les plus beaux coursiers de tout Tahyn à l’époque où les hommes n’avaient pas encore la mémoire Ancienne des Lettres. Ces Elfes avaient déjà une culture de la nature mais pas aussi développée que les Sylvains. Porté par les vents leur coursier ne galopaient pas, ils volaient. Ils étaient les seigneurs des grandes plaines du Sud à cette époque ou les Elfes étaient à l’apogée de leur règne.
L’Elfe dont je parle était très jeune lorsque son destin bascula. A peine âgé d’une centaine d’année. Son peuple commença à s’éteindre. Les guerres et le peu d’enfant qu’ils faisaient en étaient les principales raisons. Il naquit dans la dernière marche existant de sa race. La marche de Razangatan. Ce n’était pas la marche la plus noble. Mais ce fut celle-ci qui réussi à sortir des guerres contre les Elfes noirs la plus épargnée. La marche de Razangatan poursuivit son existence de nomade à travers les âges, commerçant ses coursiers à très bon prix chez les humains. Mais un jour une embuscade importante surprit l’ensemble de la caravane et l’anéantit jusqu’au dernier elfe. Bachila, alors partis en héraut jusqu’au village le plus proche pour annoncer leur venue, ne put que constater. Bon guerrier et bon cavalier, il n’avait pourtant pas la lame assez agile pour affronter seul les responsables de ce massacre. Il revint au village avec pour seul bien son cheval et quelques piécettes d’or. Arrivé au village il entra dans la taverne et commença à boire et jouer. Il gagna tout l’argent et fut accusé de tricheries. Alors que les coups tombaient il sortit sa lame pour tuer toutes les personnes présentes dans la taverne dans un silence glacial.
Quittant la ville il vécu une vie d’errance s’enfonçant toujours plus profondément dans la débauche. Plus d’une fois incarcéré pour des bagarres diverses, il en vint à revendre son cheval pour couvrir ses dettes. Les femmes, l’alcool, et le jeu, devinrent son gagne pain et sont gagne blessures. Mais tous les soirs dans les villes où il passait, on pouvait entendre un chant incompréhensible qui faisait pleurer quiconque l’entendait. Un fantôme ou un Elfe, il ne savait plus lui même ce qu’il était.
Un jour il décida de monter vers le nord pour savoir ce qu’il y avait là haut. Il du passer par la forêt de Freiland. Il y fit halte pour la nuit laissant les voyageurs avec qui il était parti continuer seul. Ils disaient cette forêt hantée.
"Faut pas rester là l’étranger c’est pas bon le coin, faut pas rester la. On raconte que cette forêt est peuplée des fantômes de toute la terre !!
-Ca n’en fera qu’un de plus si je ne ressors pas, l’ami.
-Oh ben merci bien moi je me tire avec les autres.
-Le bonjour à ta femme !
-Didioux saligot !!"

Il s’installa pour la nuit au creux d’un tronc mort. Et son chant, comme toutes les nuits, retentit dans la forêt. A la fin du chant dans la forêt régnait un silence de mort. Mais une voie raisonna en son corps. Il se leva comme attiré, apaisé comme il ne l’avait été depuis trop longtemps. Ses pas le conduisirent à un grand arbre, et il s’effondra par terre dans un sommeil qui aurait pu durer mille ans comme une journée. Son corps devenait bois, mousse, terre, il respirait à travers la forêt et se remplissait de son histoire qui devenait la sienne. Au réveil il faisait jour, il était dans une grande clairière tout illuminé. Au dessus de lui un Elfe était penché.
"Bienvenus parmi nous Ydassaïs. Tu es arrivé chez toi, lève-toi et salue ce nouveau jour que la mère nous offre.
-Je bénis la Mère et salue mon frère Mordumë, Je suis Bachila."
Mon histoire s’arrête ici car ce qui se passe chez les Ydassaïs ne sort jamais de la forêt. Je peux simplement vous dire qu’à de rares occasions on dit qu’un chant plus triste qu’une nuit sans lune emplit certains villages et que des rôdeurs étranges parcourent encore nos contrées."